Manifeste pour une édition libre

Douter, car les certitudes sont le ferment de l’ignorance.

Critiquer, car l’adulation est le lien de l’asservissement.

Défier, car seul le risque nous grandit.

Créer, car le monde appelle à être inventé.

Et partager, car le réel n’existe que dans le regard de l’autre.

A l’heure où le numérique s’érige en monstre de mercantilisme et d’assujettissement, à l’heure où la révolution s’affiche en tee-shirt à paillettes, où le Che sert à vendre des lessives et la « cabessa de muerte » à illustrer des trousses d’écoles, il nous faut réinventer la contestation par la création.

Il faut aujourd’hui s’émanciper de la morale et de l’illusion et avancer sur cette voie étroite qui sépare la meute du troupeau des proies. Car rien n’est plus pervertible qu’un idéal.

Quand normes et standard, comptes et contrôle, se confondent pour enchaîner l’homme, redonnons à la pensée et à la création, leur valeur première : celle d’être les fertiles ferments du changement.

Il nous faut donner ce que nous vendons*, sans retour, sans autre attente que sa réception, par l’autre, pour l’autre. Et inventer de nouvelles formes de partage. Il faut douter, critiquer, défier pour réinventer de nouvelles formes de participation et partout donner accès à la différence.

Et vendons ce que nous donnons*. Pour rendre absurdes les bases d’un échange où la consommation s’auto-légitime. Sachons jouir sans détruire et construire sans expectatives.

Il est temps d’engendrer les îles libertaires où ne règnent ni dieux ni maître. A l’heure où réagir, agir, se mobiliser sont devenues d’implacables nécessités, il est temps d’inventer les nouveaux archipels de l’écriture.

moinsdecent.net – 2020


"Nous donnons ce que nous vendons
Nous vendons ce que nous donnons"

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